mardi 15 mai 2018

Formation 1.4 : Gestion d'un groupe/une classe


Formation : Gestion d’un groupe/une classe


Que l’on soit enseignant, formateur ou professeur, nous savons tous l’importance de gérer adéquatement un groupe, ou une classe, afin d’assurer le bon déroulement d'une formation. Je crois qu’il est possible d’affirmer que tous, un jour ou l’autre, nous avons eu à faire face à un groupe rébarbatif, indiscipliné ou non coopératif.


Que faire dans ces situations ?

Dans un premier temps, j’aimerais d’abord préciser que malgré le fait que ce sujet aborde certains types de personnalités, il ne touche pas et/ou ne vise pas les gens souffrant d’une condition médicale diagnostiquée (dyslexie, dysphasie, troubles/problèmes d’attention, d’hyperactivité, etc.). Pour ma part, ces conditions se doivent d’être exprimées ouvertement car elles ont une influence certaine sur le déroulement de la formation, notamment au niveau de la pédagogie. Il m’arrive d’ailleurs fréquemment, après avoir reçu plusieurs indices révélateurs, de poser directement des questions aux participants à savoir s’ils ont ou non déjà reçu un tel diagnostic.

Ceci dit, la question demeure. (Que fait-on ?)

Précédemment (Les éléments-clé d’un bon formateur) j’ai fait allusion au « contrôle » qu’un formateur devait maintenir sur ses participants. En fait, le mot, à cause de sa connotation négative, était peut-être un peu fort. Par contre, il n’en demeure pas moins que c’est exactement ce qu’il en est. Le formateur « contrôle », ou gère si vous préférez, le déroulement, la participation, le contenu des interventions, et par conséquent l’atmosphère générale d’un local ou d’une salle de classe. Il est évident également que j’utilise le mot « contrôle » lorsque les situations rencontrées deviennent problématiques ; c’est à dire qu’elles en viennent à perturber le bon déroulement du cours/formation.


Étant donné que l’être humain est au cœur de notre profession même (s’il ne l’est pas, il est temps de changer de carrière !) nous ne pourrons jamais éliminer toute situation indésirable. Il n’en reste pas moins que nous avons à intervenir et à établir un échange productif avec des gens issus de différents milieux, ayant tous leur propre personnalité et donc leurs propres différences, réunis dans un seul et même endroit.

Pour ma part, tout bon enseignant qui se respecte se doit d’avoir un bon jugement de caractère/personnalité, c’est à dire pouvoir reconnaître rapidement quel genre de personne est devant lui/elle. Bien sûr, on pourrait tous aller faire un baccalauréat ou une maîtrise en psychologie revenir enseigner un peu mieux informé et beaucoup mieux outillé. Mais je ne crois pas que ce soit là une option des plus populaires. On peut également se mettre à dévorer tous les bouquins écrits par des auteurs à succès qui frisent plutôt le genre bestseller que scientifique. Je crois qu’il est de bon aloi, d’en prendre et d’en laisser sur ce qui est dit dans certains de ces ouvrages ; quelques fois même, mieux vaut en laisser plus que d’en prendre. Mais encore ici, je crois que rien ne vaut l’expérience personnelle.

Si on est en mesure de bien « évaluer » les participants qui assistent à nos cours/formations, il est beaucoup plus facile d’établir un bon lien immédiatement et ainsi mieux gérer les interventions qui sont faites.

Tout ceci peut toutefois sembler bien théorique et, dans le fond, ne pas dire grand-chose si je n’illustre pas avec des exemples pour différents types de personnalité. En passant, j’aimerais spécifier ici que je ne dis pas quoi faire ou comment le faire. Je ne fais que partager mes expériences.

1. Le type extraverti (celui qui prend sa place… et celle des autres)


 Dans un groupe de cinq (5) personnes, Ti-Coune prend beaucoup de place et verbalise abondamment, à tort ou à travers. Il répond même aux questions qui ne lui sont pas posées et lorsque l’attention générale se détourne de lui trop longtemps (quelques minutes) il ouvre la bouche. Après un temps, le regard des autres participants en dit long.

Que faites-vous ?

Ma première réaction est toujours de « reconnaître qu’il existe ». Dans mes tous premiers échanges, je l’encouragerais/féliciterais sur ses connaissances, le relancerais sur son anecdote ou sur sa blague.

Par contre, plus les interventions de Ti_Coune se multiplient et dépassent « la norme », moins je les reconnais/encourage. De plus, s’il répond à une question qui ne lui est pas posée, je le regarde avec un sourire en lui disant : « Bravo (avec le nom de la personne à qui la question avait été originalement posée.) ! » S’il répète le manège encore, je lui demande simplement, sans sourire, de bien vouloir laisser la personne s’exprimer d’elle-même, ne serait-que par politesse, ou pire encore (!) par respect.

Par contre, il est possible que Ti-Coune ait la tête dure et ne comprenne pas vraiment les messages qui lui sont lancés. À ce moment, je l’invite avec beaucoup d’insistance à prendre une classe individuelle où il pourra s’exprimer à sa guise. Si l’idée ne lui plaît guère, je lui demande à nouveau de bien vouloir respecter les consignes du groupe. Rendu à ce point, la plupart des Ti-Coune rencontrés reprennent leur place respective dans le déroulement des formations.


2. Le type réfractaire (le « rebelle »)

Rambo fait partie de votre groupe. Son attitude générale démontre qu’il ne tient pas à être dans le cours et/ou qu’il n’aime pas la matière que vous donnez. Il est parfois bruyant dans ses nombreux mouvements et ne participe pas du tout aux interventions. De façon générale, il est très négatif au point où les autres participants se retrouvent intimidés par sa présence.


Que faites-vous ?



Pour ma part, j’aborde la situation immédiatement avant qu’elle ne se détériore. Je cherche à connaître les raisons de son mécontentement. Si sa présence est forcée (prérequis pour une promotion ou pour un développement personnel, obligation de l’employeur/juge ou autre), je dis que lui, il n’est pas « forcé » d’avoir l’« attitude », qu’il est possible de rendre l’expérience agréable;  qu’il n’en tient en fait qu’à lui. Le tout sera sa décision personnelle, tant que son attitude ne perturbe pas l’ensemble de la classe ou des participants.

Souvent, la première chose qui arrive est que Rambo réalise qu’il y a moyen de tourner le tout en quelque chose à laquelle il veut finalement participer. S’il me dit, par exemple, qu’il a déjà suivi ce genre de cours/formation, je fais ressortir ce qui a bien fonctionné et ce qui a été moins bien réussi. On peut alors réorienter la formation afin qu’elle puisse plaire à tous et atteindre les objectifs visés.

Si la raison du mécontentement est que la personne semble bien connaître le sujet dont il est question, j’essaie alors de m’en faire un allié ; je la responsabilise même à me corriger si je fais fausse route ; lui demande des explications sur les erreurs commises par ses pairs, d’aider autant que possible les gens autour de lui qui ont plus de difficultés, et ainsi de suite.

Le vieux proverbe disant que si on ne peut vaincre l’adversité, mieux vaut se joindre à elle a vraisemblablement un fond de vérité.


3. Le type farceur (Le « clown »)

 
Bozo est dans votre groupe. Chaque intervention qu’il fait est teintée d’un sens de l’humour plus ou moins bon. Il fait sourire dans sa première déclaration mais fait soupirer de lassitude à sa dixième. Il tente même de tourner à la blague certaines des répliques de ses pairs au sein du groupe mais tout tombe à plat. Après un certain temps vous réalisez que les participants interviennent de moins en moins souvent et que l’atmosphère dans le groupe a changée et n’est pas des plus saines.


Que faites-vous ?

Ce type est un peu spécial car d’un côté il est toujours bon d’avoir une autre ressource qui peut briser la glace ou atténuer un malaise (avec un meilleur sens de l’humour !). D’un autre côté, ce genre de comportement est présent bien souvent pour dissimuler des lacunes personnelles, que ce soit au niveau du comportement général ou des facultés intellectuelles. Lorsque les interventions effectuées par l’individu en viennent à déranger la classe/formation, il faut savoir y mettre terme rapidement sans trop offenser les parties présentes.

Personnellement, après quelques interventions qui tombent mal, je souligne le fait qu’il faudrait peut-être un peu plus de sérieux afin de faire avancer les choses.  Si cela ne fonctionne pas, je lui conseille de ne pas abandonner son travail pour devenir comédien. Si la personne ne comprend toujours pas, je la regarde dans les yeux en lui demandant : « Sérieusement ? » et je lui demande de modifier quelque peu ses interventions car elles sont énergivores au niveau du temps et par conséquent au bon déroulement de la formation.


Bien sûr, il y a encore d’autres types de personnalité qui seraient fort intéressants à aborder et il y a encore beaucoup à écrire sur le sujet. Mais pour des raisons évidentes, j’arrête ici et y reviendrai prochainement.

Au plaisir!

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Louis Carle
Directeur
Formation Linguistique L.C.

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